Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 mars 2009 4 05 /03 /mars /2009 16:43

Après notre excursion au Pilier des Anciens, on enchaîne avec Benjamin : apéro à Upie, Bal Folklorique à Luc-en-Diois et pendaison de crémaillère à Die...Avec tout ça je me couche à 4 h du matin et à 6 h il est déjà temps de se lever !

En effet j'ai prévu d'aller refaire la Quinquambaye avec Christophe. Météo France annonce un temps couvert sur Gresse-en-Vercors avec des chutes de neige en fin de journée.
J'ai pas mal hésité avant de me lancer dans cette aventure. Je sais que s'il est annoncé un ciel couvert, on n'échappera pas à un brouillard à couper au couteau en haute montagne. Le risque de se retrouver complètement perdus au milieu d'un enfer blanc n'est pas à exclure, pas plus que celui de marcher sur une corniche et de faire le grand saut. En plus cette fois je suis vraiment en manque de sommeil et j'emmène Christophe, qui est certes un grand garçon, mais dont je serai tout de même responsable vu que c'est moi qui connais la course.

Mais malgré tout ça, l'envie demeure...L'envie de voir l'ambiance de cette arête en plein brouillard, l'envie de se confronter à l'angoisse de la désorientation...En fait si l'idée d'aller sciemment se mettre la tête dans le brouillard est plutôt atypique, les motivations restent classiques : en apprendre un peu plus sur la montagne et sur soi-même par la même occasion.

Dès le début de la marche d'approche il se met à neiger, ça c'était pas prévu mais bon on est plus à ça près maintenant...Par contre la neige porte très bien et nous progressons rapidement et sans raquettes.

"C'est par où ? - tu vois les rochers là-haut à travers les nuages, on va passer par là !"

Arrivé en vue du passage raide, l'ambiance est plutôt austère et menaçante. J'angoisse un peu et je me demande si c'était vraiment une bonne idée de faire cette course aujourd'hui...

 

Mais dès les premiers mètres dans le couloir je retrouve toute ma sérénité : la neige porte bien, les ancrages sont bons, ça passe vraiment tranquille et en plus il y a les spits pour s'assurer béton. Quand je pense qu'il y a 5 minutes j'étais presque prêt à faire demi-tour...Comme quoi en montagne, l'ambiance peut parfois suffire à vous faire renoncer, indépendamment des difficultés objectives de la course.





Avec ces conditions finalement très bonnes, le passage raide est vite avalé, presque trop vite...

Nous arrivons ensuite sur le fil de l'arête ou je laisse passer un peu Christophe devant pour qu'il se fasse plaisir. Il y a un vent assez fort mais il est loin de faire très froid.


Notre trace sur l'arête, bien en retrait des corniches.

Christophe dans le dernier petit ressaut avant le sommet

Arrivée sur l'arête sommitale. On aperçoit le soleil derrière les nuages quelques instants mais ça ne durera pas...

Le vide de la face Est de l'Aiguillette

Christophe à quelques mètres du sommet

La photo con du sommet...

Quand nous sommes arrivés sur l'arête sommitale du Petit Veymont, on a pu apercevoir brièvement le Grand Veymont à la faveur d'une éclaircie mais très vite un épais brouillard a tout recouvert. Maintenant la visibilité est de 10 mètres maxi et il faut trouver l'itinéraire à travers les pentes de neige et les barres rocheuses de la face Sud-Est du Grand Veymont...Pour la deuxième fois de la journée je me demande si j'ai bien fait de tenter cette course aujourd'hui....

Dans les pentes Sud Est du Grand Veymont, je me dirige au flair, tous les sens en éveil à l'affût d'un indice, d'un rocher ou d'un couloir familier. Pour arranger le tout, Christophe a des problèmes avec ses crampons qui n'arrêtent pas de se défaire, il finira par les prendre à la main à l'arrache : super ! s'il glisse et que je pars avec lui on descend la pente et on saute les grandes falaises à l'aplomb...
Mais la neige n'est pas trop dure et on monte d'un pas relativement assuré. De plus je suis de plus en plus sûr que je me dirige dans la bonne direction et effectivement peu de temps après nous rejoignons l'itinéraire classique de montée au Veymont. Je trouve même quelques traces de raquettes partiellement effacées : comme ces petites traces d'humanités sont réconfortantes dans des conditions pareilles !

Photo Christophe
Au sommet du Grand Veymont, évidemment il n'y a pas foule ! Je ne sais pas si c'est le brouillard qui s'est encore épaissi ou si c'est mes yeux qui fatiguent mais j'y vois de moins en moins...Désormais nous devons aller droit vers le Nord en suivant l'arête du Veymont qui domine les grandes falaises de la face Est.

Une corniche : une innocente étendue de neige qui cache un vide béant...C'est pourquoi je fais très attention de garder mes distances. On est vraiment dans le blanc total. Les yeux me brûlent, je devrais peut être mettre mes lunettes de soleil mais elles ne sont pas à ma vue, alors déjà que j'y vois rien...
Même si je connais bien l'itinéraire, il est très déstabilisant de progresser à l'aveugle comme ça...Le brouillard crée des mirages, parfois je crois voir des barres rocheuses surgirent devant moins mais ce ne sont que des nuages plus sombres...Plus troublant encore, du fait de l'abscence total de repaires visuels les distances se diluent  étrangement.
A plusieurs reprises je nous crois arrivés au Pas de la Ville, je jette un oeil dans le couloir que je prend pour l'itinéraire de descente pour me rendre compte que ce n'est pas du tout ça. Certains de ces couloirs qui rayent la face Est  ont un aspect franchement terrifiant mais d'autres commencent par une pente assez douce et il serait presque tentant de les emprunter. Pourtant ils sont sans aucun doute truffés de barres rocheuses et s'y engager signifierait y passer la nuit voire beaucoup plus...
Après un temps qui me parut très long, je reconnais les formes du couloir qui domine le Pas de la Ville, ça y est on est tiré d'affaire ! Nous descendons rapidement dans la neige assez souple et peu de temps après nous sommes au Col.
A partir de là c'est vite réglé : une bonne glissade sur le cul et une descente droit à travers la forêt et nous sommes à la voiture.

Voilà encore une bien belle journée où faute de beaux paysages nous avons pu profiter d'un isolement total et d'une ambiance fantastique !

Partager cet article
Repost0

commentaires

T
c'est vrai qu on a pas eu le paysage, qu ont a failli se perdre,qu'ont aurai pu passer a travers une corniche ou glisser dans une pente et tomber de la falaise mais c'est ça l'aventure, on remet ça quand tu veut je suis partant !
Répondre