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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 09:14

Itinéraire

Pour ce dernier week-end du mois de juin, nous partons pour l'ascension de la Barre des Ecrins avec pour objectif initial la petite traversée des arêtes. Partis tôt le samedi matin de Montélimar, Christophe et moi rejoignons mon frangin au camping d'Ailefroide en début d'après-midi.
Il s'en suit une longue marche d'approche jusqu'au refuge des Ecrins (alt. 3175 m). Nous ne sommes pas acclimatés et chargés comme des mules : une corde de 60 m (on n'a pas plus court !) et des vivres pour au moins 4 jours (grâce au frangin qui a toujours peur de manquer de nourriture...). Nous ne battrons donc pas des records de vitesse : il nous faudra largement les 4 heures annoncées par le topo ce qui nous fera arriver au refuge vers 18 h 30.

Couché de coleil sur la Barre. 


Vu du refuge des Ecrins, les arêtes de la Barre ont fière allure et le premier ressaut rocheux qui défend l'accès à l'arête Est paraît diablement raide. Aussi c'est légèrement anxieux que nous admirons la Barre se parer d'ocre sous les rayons du soleil couchant. De plus, un des aides gardiens nous informe que la petite traversée n'a pas encore été parcourue cette année. Mon frangin qui commence a être échaudé par mes "conneries" et qui est équipé de chaussures de randonnée et de vieux crampons à lanières semble de moins en moins décidé à nous accompagner...
Le refuge qui compte pourtant 130 places est complètement bondé mais nous sommes les seuls à préparer notre bouffe sur le réchaud. Les refuges des alpes s'apparentent de plus en plus à des hôtels et être autonome semble aujourd'hui presque mal venu alors que ça me semble être une règle importante en montagne...Inquiétante dérive commerciale qui entraîne des rotations d'hélicoptères qui n'ont pas lieu d'être.

 

Levé de soleil sur le Glacier Blanc.


Nous nous levons à 3 heures. Sur les banquettes étroites du refuge, la nuit a été mauvaise comme d'habitude. Le temps de préparer le petit déjeuner et de s'équiper dans la cohue générale et il est plus de 4 heures.
Après quelques centaines de mètres sur le glacier mon frangin nous pose sa démission. On incite un peu mais rien y fait.

Cordée en route pour le Dôme.

 

Avec Christophe nous prenons place dans la longue file des prétendants au Dôme des Ecrins. Dès les premiers mètres de pentes raides notre manque d'acclimatation se fait cruellement ressentir : nous sommes à bout de souffle et en proie à des vertiges.

Quand nous arrivons au pied de l'arête Est, à l'endroit où on doit quitter la voie normale du Dôme pour la petite traversée, nous nous sentons vraiment trop juste physiquement pour nous engager dans cet itinéraire. Nous continuons donc sur la large trace en espérant au moins pouvoir faire la Barre par la voie normale.
En arrivant à l'aplomb du sommet de la Barre, nous remarquons les traces d'une cordée que nous avons vue d'un peu plus bas s'engager dans la directe Coolidge. Les conditions paraissent bonnes et cet itinéraire bien que plus raide et difficile, me semble beaucoup plus rapide que la voie normale. J'ai très envie de passer par là mais je n'ai pas vraiment étudié le topo et mon camarade n'a qu'un seul piolet. Je lui demande donc son accord, ce à quoi il répond "Allez tu fais chier, on y va !".
Ok ! On fonce droit vers la rimaye qui présente un ressaut quasi vertical de 2 ou 3 mètres en neige dure. Les conditions sont bonnes et ça passe bien même si mon camarade est moins à l'aise avec son unique piolet.

Dans les premiers mètres au dessus de la rimaye sur des pentes de neige raides.

Nous montons à corde tendue à une allure assez rapide. Certainement galvanisé par la raideur de la pente et ce changement d'itinéraire un peu gonflé, je me sens beaucoup mieux que lorsque nous nous traînions sur la voie normale.
Comme Christophe n'a qu'un piolet et qu'on est jamais à l'abri d'un faux pas j'essaye tout de même de poser des points de protections quand des ilots rocheux me le permettent. Je suis bien content d'avoir emporté, après avoir longuement hésité, un petit jeu de câblés et deux petits friends.

A un peu plus de cinquante mètres du sommet nous croisons la cordée qui nous précédait : ils ont choisi de descendre par le même itinéraire. C'est rapide mais il faut quand même oser emprunter des pentes aussi raides à la descente...



Christophe juste sous l'arête sommitale, les derniers mètres sont en mixte : rocher et glace, très plaisant à grimper. Une fois sur l'arête nous sommes à environ 30 mètres à l'Est du sommet que nous rejoignons rapidement. Je ne suis pas tout à fait sûr que l'itinéraire que nous avons emprunté est bien le Coolidge original, c'est peut être bien un couloir à peu près similaire juste à l'est de l'itinéraire historique.

Le sommet de la Barre (alt. 4102 m) où nous trouvons ce que nous étions venu chercher c'est-à-dire rien du tout si ce n'est la joie de la réussite, l'immensité du ciel et l'ivresse de l'altitude...


Christophe arrive au sommet, son premier 4000...

La photo con du sommet. Il est 9 h 30 passé, c'est pas le moment de traîner !

Vue sur l'arête Ouest, voie normale de la Barre qui sera notre itinéraire de descente. Nous sommes la deuxième cordée au sommet après l'équipe qui nous précédait dans la directe, l'itinéraire n'est donc pas encore tracé.

Dans la descente nous croisons une cordée en train de monter par la voie normale. Ils étaient au niveau de la brèche Lory quand nous avons attaqué le couloir Coolidge. Nous avons donc très bien fait de choisir la directe car sinon nous serions derrière eux et vu l'heure ça serait plus que limite...

Vue sur le glacier très tourmenté en contrebas.

Vue sur la face Nord de la Barre.
Nous sommes passés tout droit à l'aplomb des deux alpinistes que l'on voit juste derrière le sommet.

La désescalade de l'arête nous paraît très longue. On est assez fatigué, je mets donc des sangles un peu partout et même des friends de temps en temps car, même si le terrain est facile, une chute peut toujours survenir.

Le rappel de la Brèche Lory où je devrais descendre Christophe en moulinette car il ne se sent pas bien du tout...

La brèche Lory. La partie la plus exposée est terminée, reste tout de même à descendre le glacier au milieu des séracs et des crevasses et il est midi passé...Le sommet du Dôme est tout proche mais pas question d'y monter à cette heure ci.


Christophe en mode épuisement total.
Je ne suis pas beaucoup plus en forme. Nous ferons donc la descente quasi intégralement en glissant sur le cul. Cette méthode n'a pas un style très conventionnel mais elle est efficace et rapide.

Attention des monstres affamés guettent...

Nous serons bientôt sur l'immense mer de glace du Glacier Blanc...

Dernier coup d'oeil vers la barre depuis le glacier Blanc où nous nous ferons rôtir comme des poulets par le soleil. Il est 16 heures passées quand nous récupérons notre réserve de bouffe que nous avions cachée à l'aplomb du refuge des Ecrins. Nous nous appliquons un peu de crème solaire pour la première fois de la journée ce qui ne nous empêchera évidemment pas de perdre toute la peau de notre visage durant la semaine suivante !...

La descente à travers les névés et les éboulis jusqu'au Pré de Madame Carle est un véritable calvaire qui durera près de trois heures mais me paraîtra long comme une semaine...

Nous arrivons au Prè de Madame Carle aux environs de 19 heures. Encore une bonne journée de 15 heures dont nous revenons bien destroyés. Et oui les 4000 c'est fantastique mais ça fait toujours bien mal !
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